Dans un monde qui change, où les déplacements ne pourront plus reposer exclusivement sur la voiture, où le besoin d’échanges locaux est grandissant, les communes rurales doivent s’adapter et répondre à ces défis.
Analysons la situation à l’échelle du Fauga : un village coupé en 3 par l’autoroute, d’une part, et par la Garonne d’autre part. Cet éparpillement est d’autant plus souligné par plusieurs facteurs. En premier lieu, il existe peu de voies de communication entre ces 3 zones, et elles sont toutes dédiées et pensées pour la voiture (on évitera ici de parler du bac, tant ses conditions d’accueil du public le disqualifient comme moyen de transport régulier). Deuxièmement, le développement urbain, très important, se fait exclusivement le long de voies déjà existantes et au moyen de la multiplication des impasses, sans connexion réfléchie de ces différentes nouvelles zones d’habitation entre elles ou avec des nouvelles. L’ajout par petits bouts indépendants de zones d’urbanisme crée au final une sensation d’incohérence du village, dont l’exemple le plus frappant est sans doute l’isolement du coeur historique du village. Enfin, l’absence de voies de mobilité douce (pistes cyclables, chemins piétonniers) rebute les promeneurs. Pour un village de campagne, Le Fauga propose comme paradoxe qu’il faut prendre sa voiture pour se promener en sécurité dans sa campagne.
Ce résultat est la conséquence directe des politiques d’urbanisme qui se sont succédées depuis des années et que M. Puig entend poursuivre sans discontinuer ( le fameux slogan « Continuons ce que nous avons commencé », ou encore la déclaration d’intention d’atteindre les 3000 habitants en 2030 faite à La Dépêche en Janvier 2020 par Mme Bagnèris). Sans réflexion de fond sur l’organisation du village et sur la façon de s’y déplacer, cela sera catastrophique.
Mais alors, que faire pour changer cela ? La situation n’est pas reluisante, mais pas désespérée. Il faut intégrer à la réflexion du PLU une partie « Mobilité douce ». Arrêter l’urbanisation en impasses, et au contraire, proposer des lotissements qui viennent créer des inter-connexions entre quartier existants pour créer de nouvelles voies de communication. Ces nouvelles voies doivent être pensées dès le démarrage de projets pour les piétons et les vélos. Cela nécessite bien sûr de négocier directement avec les promoteurs et d’arrêter de signer des projets clés en main, où finalement la valeur ajoutée de la Mairie et de ses élus est nulle. Mais il sous semble que lorsque c’est la Mairie qui vend les terrains, elle dispose tout de même de quelques arguments à faire valoir.
Cette réflexion, très localisée, doit également inclure les connexions avec les communes alentour. C’est ainsi qu’il sera possible d’embarquer le Muretain Agglo dans les projets et d’obtenir son soutien. Plus largement, les projets à plus grande échelle comme Via Garona ou la Voie Verte, doivent être pris en compte pour que Le Fauga tire bénéfice de ces projets et que leurs retombées soient ressenties par les habitants dans leur possibilité de se déplacer sur la commune.
Outre les effets directs de ces réflexions, si elles étaient mises en place, il faut regarder les effets indirects. Et ils sont nombreux. Ainsi, un village où il fait bon se promener est forcément un village où il fait bon vivre. Une connexion douce entre la Gare et le centre du village éviterait peut-être des travaux couteux et problématiques d’extension du parking de ladite gare. Un village où la circulation est facile serait forcément plus attractif pour les entreprises et leur futurs employés. Une passerelle piétonne entre l’Aouach et le centre du village donnerait accès au plus grand nombre à l’écrin de verdure de la berge opposée.
Mais pour y accéder, il faut que Le Fauga change son fusil d’épaule, et vite.