Lors du conseil municipal du 30 septembre, nous avions relayé une question glissée par un habitant du village. Ce dernier demandait s’il serait envisagé un jour de développer des commerces au Fauga. Cette question, au plus près de nos besoins quotidiens, est très intéressante.
Elle permet de débattre du développement du village : urbanisme, commerces, services, emplois, mobilité. Tous ces sujets sont liés et le traitement de l’un ou l’autre des axes sera optimisé s’il est fait en cohérence avec les autres. Cette vision globale est au coeur de notre proposition de modification de la traversée du village par Trans-Garona.
La réponse du maire lors de ce conseil nous avait laissé perplexes. Nous avons remis le sujet sur la table lors des conseils suivants, en nous appuyant sur les compte-rendus du Conseil Communautaire, en charge de la question. Mais sa position n’a pas bougé d’un iota.
« Il est trop tard pour installer des commerces au Fauga »
M. le Maire appartient à une commission en charge du schéma commercial de l’Agglo du Muretain. Et les travaux, auxquels il a participé, ont conclu que Le Fauga était à moins de 10 minutes de n’importe quel magasin ou service. Il pense que de toute façon, il est trop tard pour développer le village sur ce point.
Selon lui, par rapport à Lavernose par exemple, notre village manque de densité. Le fait d’avoir déporté l’école sur la place Cazalères a provoqué la désaffection du centre historique (la place de la mairie) où les commerces se sont éteints.
Nous allons développer les réponses que nous inspire cette position.
10 minutes, certes, mais en voiture…
Nous avons beaucoup défendu la mobilité douce pendant et depuis la campagne. Nous constatons au quotidien que les citoyens préfèrent désormais des services de proximité, accessibles à pied ou en vélo. Mais au Fauga, l’état actuel de la voirie n’est pas forcément au niveau. Et la position du maire sur les pistes cyclables (trop chères, pas adaptées…) ne va pas dans notre sens.
Paradoxalement, il annonce favoriser déplacements à pied et en vélo en instaurant en centre village une « Zone 30 ». Il oublie de se poser une question fondamentale : se déplacer à pied et à vélo, oui, mais pour quoi faire ? En général, on sort à pied ou en vélo pour aller se promener, faire du sport ou faire des courses de proximité.
Des projets locaux non viables ?
M. le Maire cite Lavernose. Pour certains, ce n’est pas forcément un modèle à suivre, car le développement urbanistique peut paraître démesuré. Personne n’aime avoir les désagréments des grands commerces, la circulation associée, la pollution ou encore le passage qui l’accompagne. Mais il faut bien reconnaître que la commune propose une offre de services (commerces, médical, para-médical, culturel, sportif) riche et diversifiée.
Regardons alors Saint-Hilaire ou Mauzac, qui ont fait des efforts récents pour installer leurs petites zones. Elles fonctionnent. La petite supérette de Mauzac avait fermé mais elle a aussitôt été remplacée par une épicerie vrac qui correspond bien à l’époque et aux changements des modes de consommation. C’est un peu ce que nous avons en tête pour Le Fauga. Ce genre de projet serait viable là et pas chez nous ? Pourquoi alors nos quelques commerçants continuent de fonctionner ?
Ce qu’il faut retenir, c’est la volonté d’apporter du service local tout en enrichissant le tissu professionnel. Cette volonté est une vraie tendance de fond. Les prémices étaient présents depuis quelques temps déjà dans la société. La pandémie de covid n’a fait qu’accélérer et rendre encore plus visible ce mouvement. Nous sommes convaincus de la possibilité d’installer des nouveaux commerces au Fauga. De toute façon, l’augmentation de population, voulue par le PLU de 2017 (3000 habitants en 2030), va entraîner mécaniquement une augmentation de la demande de services locaux. Problème : la volonté n’existe pas à l’échelon communal. Difficile dans ces conditions pour un commerçant de venir s’installer dans un village qui ne veut pas de son projet.
De l’importance d’avoir un tissu professionnel
A plusieurs reprises, M. le maire nous a également affirmé vouloir le calme et la tranquillité dans le village. Il souhaite un village où « il fait bon vieillir« . En ce sens, il oppose systématiquement le développement de commerces et des services avec la tranquillité des gens.
Mais ce n’est pas ce que nous nous défendons. Au contraire, amener des services au village crée du bien-être pour les habitants. Il ne faut bien sûr pas viser un supermarché mais plutôt une variété de commerces, de services à taille humaine. Ainsi, le village (re)devient un lieu d’échanges et de rencontres, puisqu’il draine des consommateurs. Il y a donc une nouvelle vie, animée, avec du passage et donc moins d’espace pour des actes de dégradations ou d’incivisme. Enfin, un tissu de services locaux, c’est de l’emploi sur la commune, des trajets plus courts. C’est tout bénéfice pour les habitants et pour l’environnement.
Mais alors que faire ?
Tout d’abord, il ne faut pas baisser les bras et partir battus d’avance. La volonté politique est la base. En donnant la réponse avant même d’avoir posé la question, M. le Maire élude un débat pourtant intéressant. En tant que membre de la commission en charge du schéma commercial, il devait forcément être au courant de l’enquête lancée par l’Agglo auprès des citoyens pour justement faire vivre ce débat. Roquettes a rendu cette enquête publique. Dommage qu’il n’en ait pas été de même au Fauga.
Ensuite, il faut réfléchir globalement à l’échelle du village pour définir une zone de développement commercial et se montrer accueillant envers les porteurs de projet. Évidemment, cela nécessite d’investir. Par exemple, en finançant un bâtiment qui hébergerait ces commerces, comme à Mauzac, ou en intégrant un espace commercial à une réalisation immobilière, comme à Saint-Hilaire. Mais cela changerait justement d’avoir enfin un investissement productif, c’est à dire qui rapporte à la commune ou qui amène un nouveau service à la population.
Le choix des nouveaux venants est primordial. Ils doivent répondre à des besoins fréquents des habitants pour pouvoir durer ou apporter une offre qui n’existe pas aux alentours.
Enfin, il faut tenir le cap. Être cohérent et avoir de la suite dans ses idées. Installer et pérenniser des commerces ne se fera pas en un ou deux ans. Il ne s’agira pas de changer d’avis au gré du vent, mais bien de mettre de l’énergie au service du village et des citoyens. L’exemple de la boulangerie du Fauga démontre que maintenir des commerces au villages est possible. Il faut déjà y croire.
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